Les médicaments opioïdes renforcent l'effet analgésique des opioïdes endogènes en imitant leur action ; ces molécules de nature peptidique remplissent différentes fonctions au niveau central :
- ils exercent un contrôle inhibiteur du stimulus douloureux ;
- ils modulent les fonctions gastro-intestinales et endocriniennes et celles du système autonome ortho et parasympathique ;
- ils régulent la sphère émotionnelle et cognitive.
Les opioïdes endogènes dérivent de macropeptides soumis à des processus d'hydrolyse enzymatique ; il existe trois types d'opioïdes : enképhalines, endorphines et dynorphines.
Afin de comprendre le mécanisme d'action de ces médicaments, il est essentiel de connaître en détail les récepteurs sur lesquels agissent les opioïdes endogènes et exogènes ; il existe trois types de récepteurs avec lesquels les opioïdes interagissent, suivant un ordre d'affinité et de sélectivité.
- Récepteur Μ : c'est le récepteur le plus nombreux au niveau supra-spinal, mais on le retrouve également au niveau de la moelle épinière, afin de permettre une modulation ubiquitaire de la douleur. Les principales fonctions de ce récepteur consistent à contrôler : l'effet analgésique aux niveaux supra-spinal et rachidien, l'effet sédatif, mais pas chez toutes les espèces ; motilité gastro-intestinale réduite en raison de l'inhibition de la libération d'acétylcholine; de la libération d'hormones et de neurotransmetteurs.
- Récepteur Δ : également situé aux niveaux supra-spinal et rachidien : il est responsable de la modulation de l'analgésie dans les zones respectives supra-spinale et rachidienne, et du contrôle neuro-endocrinien.
- récepteur Κ : même collation que le récepteur δ, mais avec une fonction différente ; le récepteur est responsable des effets psychomimétiques et de la motilité gastro-intestinale réduite.
Les trois types de récepteurs ont le même mécanisme d'action : ce sont des récepteurs inhibiteurs liés à la protéine G : une fois activés, ils inhibent l'enzyme adénylate cyclase avec pour conséquence une réduction de la production d'AMP cyclique et de l'entrée d'ions calcium, de façon à pour déterminer une "inhibition de l'excitabilité de la cellule". Cette inactivité cellulaire se traduit par une libération plus faible de neurotransmetteurs : au niveau post-synaptique, la libération d'ions potassium augmente, ce qui réduit la réactivité du récepteur au niveau post-synaptique vers le neurotransmetteur.
Les opioïdes, endogènes ou exogènes, inhibent la transmission du stimulus douloureux en agissant à différents niveaux : ils diminuent la capacité perceptive des nocicepteurs ; au niveau des cornes vertébrales, ils diminuent la libération des neurotransmetteurs responsables de la transmission de la douleur ; au niveau thalamique, ils empêchent la transmission du stimulus douloureux au cortex sensoriel : en revanche, ils renforcent le contrôle inhibiteur des voies modulatrices descendantes.
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