Pauvres graisses, accusées de péchés qu'elles n'ont pas, innocentes victimes d'un régime qui les discrimine, les répudie et les condamne injustement
Pendant trop longtemps, nous avons suivi les conseils de ceux qui recommandent de limiter au maximum les apports en graisses.
Nous avons dépensé trop d'argent en vain pour acheter des produits "légers" dans l'espoir qu'ils nous aident à perdre du poids. Le moment est venu de donner à ces précieux nutriments la dignité qu'ils méritent.
Les graisses et le régime méditerranéen
Le régime méditerranéen a longtemps été présenté comme le régime idéal, capable de garantir bien-être et vitalité sans nous faire grossir. En réalité, bon nombre des principes qui y sont contenus sont corrects, tandis que d'autres, à la lumière des nouvelles découvertes dans le secteur alimentaire, sont dépassés voire contre-productifs.
À partir des années 1970, le gouvernement américain, pour tenter de lutter contre la propagation croissante de l'obésité, a financé une campagne d'éducation alimentaire basée sur les principes du régime méditerranéen, notamment en criminalisant les graisses, invitant les citoyens à en consommer le moins possible. En peu de temps, des milliers de produits allégés en matières grasses ont fait leur apparition dans les rayons des supermarchés.Le consommateur moyen, poussé aussi par la similitude entre les deux mots, s'est progressivement convaincu que prendre du gras était synonyme de prendre du poids.
Comme cela arrive souvent dans ces cas, le gouvernement américain a été contraint de faire passer un message fort, exagéré à certains égards, mais nécessaire. Le simple conseil de réduire la consommation de graisses serait probablement passé inaperçu et de toute façon aurait été totalement inefficace pour rééquilibrer une alimentation traditionnellement trop riche en lipides. Le message devait aussi être facilement compréhensible (inutile d'expliquer à ceux qui ne connaissent pas ce que sont les eicosanoïdes ou acides gras essentiels).
La même chose s'est produite en Italie avec le régime méditerranéen. Pour tenter de réduire la consommation de graisses saturées, qui est excessive même dans notre pays, il a été longtemps conseillé d'en limiter les apports en privilégiant les aliments typiques du bassin méditerranéen (pâtes, huile d'olive, légumes et fruits).
Les Italiens étaient convaincus, et malheureusement beaucoup le sont encore, que les pâtes, le pain et les glucides complexes en général ne faisaient pas grossir.
Les résultats de ces campagnes d'information sont là pour tous, il suffit de regarder autour de soi pour constater que ces dernières années le nombre de personnes en surpoids a considérablement augmenté.
Par conséquent, la limitation excessive des graisses n'aide pas à perdre du poids, au contraire, dans de nombreux cas, c'est l'une des principales causes qui conduisent au surpoids, comme nous le verrons dans le paragraphe suivant.
Bonnes graisses et mauvaises graisses ?
De ce qui a été dit jusqu'ici, il est clair que s'ils ne sont pas appuyés par des explications plus détaillées, les conseils des nutritionnistes sont non seulement inutiles mais même trompeurs.
Plus précisément, les citoyens devraient apprendre le concept de la qualité des lipides.
Toutes les graisses ne sont en effet pas identiques, certaines doivent être consommées avec modération, d'autres réduites au maximum, d'autres encore doivent être encouragées pour le rôle bénéfique qu'elles ont sur notre organisme.
ACIDES GRAS SATURÉS : ils se trouvent principalement dans les produits d'origine animale (œufs, lait et dérivés) mais aussi dans les aliments d'origine végétale (huile de coco et de palme). Ces huiles particulières sont largement utilisées dans le traitement industriel pour améliorer la saveur des aliments. Chaque jour, nous consommons donc une bonne quantité de graisses saturées "cachées" derrière des collations ou des bonbons "inoffensifs".
Selon de nombreux médecins, un excès de lipides saturés dans l'alimentation augmenterait significativement le taux de cholestérol dans le sang, favorisant l'apparition de maladies cardiovasculaires.En réalité cela n'est vrai que pour certains aspects, alors que pour d'autres c'est désormais dépassé.
Aujourd'hui, les professionnels les plus avisés pensent qu'il suffit de ne pas abuser des graisses saturées, sans s'en priver ou les limiter excessivement. Le risque de développer des maladies cardiovasculaires découle, en effet, non seulement d'une prédisposition génétique, mais aussi du mode de vie du sujet (tabagisme, alcool, manque d'activité physique).
Quant à l'alimentation, il est plus important de prendre la bonne quantité d'acides gras essentiels et le bon apport calorique que de ne pas limiter la quantité de cholestérol introduite avec les aliments (pensez que 80-90% du cholestérol total est produit indépendamment par notre corps).
ACIDES GRAS MONINSATURÉS : ils sont principalement présents dans l'huile d'olive et les fruits secs. Ils peuvent être consommés avec une certaine liberté car ils ont un très faible pouvoir athérogène. Comparés aux graisses saturées, ils sont certes plus sains mais aussi plus digestes.
ACIDES GRAS ESSENTIELS (AGE) : contenus dans le poisson, les fruits à coque, l'huile de tournesol, le maïs et certains extraits de plantes, ils sont dits essentiels car ils ne peuvent être synthétisés par le corps humain. Ce sont les précurseurs des prostaglandines, des thromboxanes et des leucotriènes, substances qui médient la réponse inflammatoire et interviennent dans les systèmes immunitaire et cardiovasculaire.
Ils sont généralement connus comme des acides gras capables de diminuer le mauvais cholestérol au profit du bon, mais il s'agit d'un jugement limitatif tant leurs fonctions positives sont innombrables.
CONTINUER : Besoin en matières grasses et apport alimentaire optimal"